Une bataille de filles!

Si on exclut quelques histoires de garderie, la vraie première bataille de filles que j’ai vue, j’étais en secondaire 3.

Assez classique si l’on considère que ça se passait immédiatement après les cours, juste en face des gros autobus jaunes. Jamais je n’avais vu autant d’enthousiasme devant une bataille, et j’ai rapidement saisi pourquoi. La moitié de la foule (la moitié masculine) espérait qu’à un moment ou l’autre de l’altercation, un sein ou deux allaient s’échapper d’un chandail. Ou au minimum : une brassière.

Ce n’était pas du tout le même niveau de compétition le mois passé alors qu’on avait droit au tout premier combat de femmes dans la UFC, la plus grande (et de loin) compagnie de combats d’arts martiaux mixtes au monde.

Un geste surprenant pour une compagnie qui s’est toujours voulu le summum de la virilité. Ça sent très fort le mâle à la UFC. Il y a des Harley Davidson partout, du gros heavy métal en trame de fond, des pitounes en bikini qui viennent nous montrer à quel round nous sommes rendus. (Comme si les 200 écrans géants partout ne suffisaient pas à la tâche.) Sans compter que le président de la compagnie Dana White avait toujours juré que jamais il n’y aurait de combattante dans ses galas.

Qu’est-ce qui l’a fait changer d’avis? Ronda Rousey.

Une athlète exceptionnelle, charmante… et terrifiante. Médaillée de bronze en judo aux derniers Jeux olympiques de Pékin (les Japonaises sont encore imbattables dans cette discipline), l’Américaine a réussi sa transition vers les arts martiaux mixtes avec une facilité déconcertante.

Ses neufs premiers combats réunis ont duré un total de… neuf minutes. Des combats d’une moyenne d’une minute qui se terminent toujours avec sa prise de soumission fétiche : une clé de bras. Outch!

Ronda est clairement une femme d’exception. Elle est athlétique, intelligente, charismatique, et oui, elle est très belle.

On peut se vexer de cette importance de la beauté, mais à une moindre mesure, c’est aussi important chez les garçons. Est-ce que Georges St-Pierre serait l’athlète le plus populaire de son sport s’il n’était pas si beau garçon? La question se pose. Même si les arts martiaux mixtes forment un sport, c’est le côté spectacle qui permet à ses athlètes de si bien en vivre.

Ça peut en surprendre certains, mais les combats féminins sont souvent plus intéressants que les combats masculins. Un peu comme au tennis, étant donné qu’il y a moins de puissance, ça modifie le sport. (Et donc, les visages sont moins maganés en fin de combat.) Il y a moins de coups et plus de prises, alors le côté technique prend plus d’importance. Ça devient souvent une question de quelle combattante désire davantage la victoire, et c’est toujours spectaculaire.

Il reste que, lors de son dernier combat, alors qu’elle risquait de se faire étrangler par son adversaire, à quoi pensait Ronda? À replacer son haut de maillot qui était sur le point d’exposer sa poitrine. Comme quoi le sport évolue plus rapidement que la couture.

Si vous voulez voir Ronda hors du ring, je vous conseille cette petite entrevue où un « journaliste » la provoque et le regrette amèrement. Est-ce qu’un joli sourire atténue la douleur? Il faudrait lui demander.

À l’automne, dans la prochaine saison de « L’Ultime Combattant » (The Ultimate Fighter), Ronda Rousey et une autre combattante seront les entraineurs vedettes de la série. Deux combattantes accomplies qui enseigneront à des hommes en surdose de testostérone (et souvent macho) comment mieux se battre. Ça ne peut donner que de la bonne télé!

Et ça leur laisse quelques mois pour gérer les problèmes de soutif.