S’assumer au lit

J’ai cette copine qui ne s’assume pas au lit.

Pourtant, elle n’a pas envie de grands fantasmes déviants. Elle a seulement envie de quelque chose d’un peu plus… intense. Juste que ce soit un peu moins doux et propret. En bon québécois : elle aimerait que ça brasse plus. Rien d’extravagant.

Sûrement qu’un paquet d’hommes se font reprocher l’inverse. On pourrait croire que c’est un cas isolé, mais si je faisais une liste des femmes infidèles que j’ai croisées dans ma vie, il y en a une méchante partie qui trompait leur homme pour cette raison bien précise : ça manquait un peu d’agressivité dans la chambre à coucher.

Elles rêvent de se faire tirer les cheveux et qu’on déchire leurs vêtements. Garrocher les trucs en bas du bureau pour s’improviser une « plateforme amoureuse ». Tout ça en contexte sexuel, évidemment! Leur homme serait trop doux, respectueux et… amoureux! Apparemment, c’est comme s’il était trop en amour donc il ne débarque jamais du mode mielleux mollo.

Du gros respect mal placé. Si on commence à dire que la levrette avec quelques tapes sur les fesses est un manque d’amour ou de respect, ça ne fera pas des enfants forts! C’est le genre de fantasme classique qu’on voit dans les films hollywoodiens. On ne se fera pas accroire que c’est indécent ou diabolique!

Je ne veux pas inquiéter tous les gars en couple, mais ils devraient se méfier de leur copine timide qui n’est pas convaincante lorsqu’elle se prétend comblée sexuellement. C’est ce que je trouve le plus triste dans la plupart de ces histoires : le gars est rarement au courant. Il ne peut même pas se défendre. Si ça se trouve, le pauvre gars se retient d’y aller trop fort pour être un gentilhomme bien élevé.

Gars trop respectueux « Est-ce qu’on peut faire l’amour, s’il-vous plait? Madame… »

Ça a beau être poli, j’ai connu mieux comme phrase d’amorce. Le respect et l’amour sont à la base d’une relation, pas dans l’intensité des rapports sexuels ou dans les choix de position.

Mais bon, je comprends la fille qui hésite à en parler à son copain. Quand ça fait trois ans que t’es avec quelqu’un et que tu lui avoues ton insatisfaction depuis le début ou à peu près, ça risque de provoquer une discussion déplaisante.

Gars en choc : « T’es en train de me dire que ça fait trois ans que tu t’emmerdes au lit? »

Mais bon, s’il le prend mal après trois ans, je ne pense pas qu’il le prendra mieux après quatre, cinq ou dix. Le comble de l’ironie serait que cet homme ait lui-même une maitresse parce qu’il n’ose pas être « naturel » avec la mère de ses enfants!

Pourtant, on va se le dire : demander à un homme d’y aller avec plus de « conviction », ce n’est pas si difficile que ça. Même pas besoin de le verbaliser, il suffit de crier aux bonnes places. Renforcement simple, mais efficace. Quand il y va plus fort, tu cries plus fort. N’importe quel gars finit par faire le lien après quelques ébats.

Si ça se trouve, il n’attendait que ça. Comme ces gens dans le même bureau qui sont amoureux l’un de l’autre sans jamais oser le dire.

Et si la relation se termine à cause de ça, n’est-ce pas le signe qu’elle était vouée à l’échec dès le départ? Un nouveau départ sur de meilleures bases serait probablement souhaitable.

De toute façon, l’alternative ressemble à quoi? Passer sa vie dans cette espèce d’abstinence relative pour ne pas vexer l’ego du partenaire? Je ne vois pas comment ça peut être acceptable. Mais en même temps, si quelqu’un n’ose jamais parler à son partenaire de sujets aussi importants, il mérite un peu ce qui lui arrive.