Les gens qui boudent

C’est sûrement arrivé à tout le monde. T’es en pleine dispute, ou bien tu t’obstines un peu, ou bien tu refuses seulement quelque chose à quelqu’un, et soudainement, il arrête de parler, il se ferme complètement et il n’y a plus rien à faire. Il boude.

IL BOUDE!

(Bon, j’ai mis le sujet au masculin pour être galant, mais on s’entend qu’il y a des champions de la boude chez les deux sexes.)

Quelle belle stratégie de quatrième année. Je ne comprends pas qu’on ait permis à ce moyen de pression de se rendre à l’âge adulte. On aurait dû rendre ça illégal passé l’âge de dix ans. Ensuite, tout le monde est obligé de communiquer comme un grand.

Au moins, avec un enfant, on peut s’adapter et utiliser des techniques de négociation qui fonctionnent avec les enfants. Dans mon enfance, si moi ou mes sœurs avions le malheur de bouder trop longtemps, ma mère nous sortait la menace suprême : « si vous continuez à bouder, on va manger du boudin! »

Noooooonnn!!!

Ça donne le goût d’être conciliant et de faire la paix. Manger des boyaux remplis de sang et de graisse de porc, c’était pas mal le summum des trucs dégueulasses qu’on pouvait s’imaginer à l’époque. (Et quand j’y pense, c’est encore à peu près la même chose aujourd’hui.)

Mais lorsque c’est un adulte qui boude, ça complique les choses.

Déjà, dès que quelqu’un boude, ça amène la discussion dans une impasse. Qu’est-ce qu’on peut faire de constructif face au boudeur? Il y a l’option de l’imiter et de déclencher une compétition ridicule de boude qui risque de s’étirer sur des semaines, ou bien on peut décider de plier. Sauf que dans ce temps-là, t’as vraiment l’impression de réconforter le boudeur dans son comportement immature.

Résultat? Le boudeur risque de bouder encore plus puisque ça fonctionne. En fait, c’est sûrement ce qui m’énerve le plus avec la boude : ça marche! En tout cas, ça marche beaucoup trop avec moi. J’ai besoin de régler les conflits alors je me ramasse à tout concéder afin d’éviter de me coucher frustré trois-quatre soirs d’affilés.

Mais bon, même si ça peut fonctionner quelques fois (lorsque le sexe de réconciliation a du bon sens), on finit rapidement par s’en lasser. En fait, plus on gagne en maturité, plus on gagne en intolérance pour l’immaturité.

Le grand problème avec la boude, c’est qu’elle est un peu un vice caché. Difficile de savoir à l’avance si la personne est de type boudeuse. On s’en rend souvent compte trop tard au moment où l’on s’est déjà attaché. C’est le genre de truc qu’on devrait déclarer dès le départ.

« Je t’avertis, j’ai quelques défauts : je fume quand je bois, je brule mes stops quand je roule à vélo et je boude assez fréquemment quand je n’obtiens pas ce que je veux. »

Ça permettrait de prendre des décisions éclairées. La vie est trop courte pour ces trêves de maturité. Quand l’autre a tendance à bouder, vaut mieux bouder la relation au complet.