Le mythe des mauvais garçons

S’il y a un fantasme de fille qui m’énerve, c’est bien celui sur les mauvais garçons. Ces fameux rebelles à la fidélité chambranlante qui traitent les filles comme des restants de lasagne.

Ouuuuuh! Quel charme!

Bon, trêve d’ironie. Je comprends certains aspects de cet attrait, comme le côté mystérieux. C’est souvent plus intrigant d’apprendre à connaître les gens difficiles à cerner. C’est attrayant d’être celui ou celle qui réussira à percer l’armure et avoir accès à la vraie personne que personne d’autre ne voit.

Il reste qu’on attribue à ces hommes des qualités dont je doute. Par exemple : on raconte qu’ils baisent mieux. Peut-être en comparaison avec l’homme rose qui demande la permission pour faire un cunni, mais comparé à un homme ordinaire? Vraiment? Bon, il est difficile pour moi de m’obstiner là-dessus, étant donné que je suis un homme hétérosexuel. Tout ce que je peux faire, c’est exiger un recomptage avec un meilleur échantillon. (Ou une super compétition!)

Ce que je comprends aussi, c’est qu’un beau gars, ça reste un beau gars. Et comme par hasard, qu’il soit rockeur, docteur ou décrocheur, la grande majorité du temps, le mauvais garçon se trouve à être un beau mauvais garçon.

D’ailleurs, ça me rappelle mes années de secondaire avec les maudits joueurs de hockey. Les filles n’en avaient que pour ces gros sportifs baraqués qui changeaient de fille toutes les fins de semaine. Selon toute l’éducation que j’avais reçue, ces gars faisaient tout ce qu’il ne fallait pas faire, mais ça fonctionnait fort! (J’en veux encore à ma mère.)

Tu viens qu’à vouloir les imiter, mais ce n’est jamais très élégant. Tu ne peux pas, du jour au lendemain, t’improviser mauvais garçon en t’achetant une veste de cuir, quelques tatouages et en étant désagréable. Ça peut fonctionner pour quelques histoires courtes, mais quand ce n’est pas dans ta nature, c’est difficile d’y être heureux.

Tout ce que t’apprends dans le processus, c’est qu’être mauvais garçon, ça fonctionne mieux qu’être trop gentil, mais l’entredeux est encore meilleur. Juste d’être soi-même, en fait. Cliché, mais vrai.

De toute façon, l’attrait pour le « bad boy » se passe rarement du côté du gars. C’est davantage la fille qui le rend incroyable. Pour une multitude de raisons.

- Peut-être qu’elle est habituée à avoir les gars à ses pieds et qu’elle apprécie la dynamique différente.
- Peut-être qu’elle est plus à l’aise sexuellement avec un gars qui ne la voit pas comme la huitième merveille du monde? Elle peut laisser son image de fille parfaite à la maison (le syndrome Karine Vanasse) et se laisser aller.
- Peut-être aussi que c’est simplement une question de confiance en soi. Quand tu ne te crois pas si séduisante que ça, le gars qui ne te trouve « pas si séduisante que ça » devient alors crédible. Le gars qui te traite mal devient alors celui que tu crois mériter.

Avec le temps, les femmes ont tendance à moins se lancer dans les bras de ces jolis hommes croches, mais le fantasme ne disparaît pas nécessairement pour autant. Au contraire, il évolue, il se sophistique et transige vers des hommes comme George Clooney ou Don Draper.

Le courailleux, classe et riche.

Ça m’énerve tout autant, parce que même si les deux premières caractéristiques s’atteignent sans trop de difficulté, la dernière demande pas mal plus d’efforts.