La pornographie pour les femmes

Il n’y a pas un mois qui passe sans que quelqu’un mentionne une nouvelle pornographie « faite par et pour les femmes ». Cette fois, on en parlait dans cet article de la Gazette des femmes.

Tout d’abord, j’aimerais préciser que :
- Je comprends très bien l’artiste engagée qui souhaite révolutionner le genre.
- Je comprends l’industrie de la pornographie qui espère doubler ses revenus.
- Je ne comprends pas la naïveté déconcertante entourant tout le phénomène.

On ramène constamment les mêmes idées un peu utopiques.

Par exemple, on aimerait que les films présentent de meilleurs scénarios. Je veux bien, mais qu’est-ce que ça peut donner de bon si les comédiens sont trop nuls pour jouer ces textes fabuleux? Sincèrement, croyez-vous être les premières à vous être dit qu’une histoire intéressante et crédible ajouterait à l’expérience et au fantasme? Bien sûr que non.

Quand le rendu des répliques sonne comme un mauvais robot cheap à l’agonie, ça n’aide en rien la tension sexuelle. C’est triste, mais quand ta force dans la vie est d’avoir un pénis énorme ou une paire de fesse qui défie la gravité, ça ne fait pas systématiquement de toi un acteur crédible. Et si par miracle de la nature, t’es incroyablement sexy et qu’en plus, tu sais jouer la comédie, pourquoi n’opterais-tu pas pour une vraie carrière au vrai cinéma? (Où tu toucherais enfin un vrai salaire.)

Mais bon, admettons qu’un super comédien fasse le choix d’y aller pour la carrière cochonne, sera-t-il en mesure d’obtenir et maintenir une érection convaincante durant plusieurs heures de tournage entouré d’une belle équipe technique? Ça reste à prouver.

Un autre truc qu’on revendique, c’est qu’on aimerait mettre davantage en avant-plan le plaisir féminin, mais ça existe déjà à profusion, tout ça. En fait, il n’y a pas grand-chose de plus diversifié que le monde de la pornographie. Il y en a pour TOUS les goûts (et dégoûts). Oui, bien sûr, il y a plein de films sexistes (et même racistes), mais il y en a encore plus qui ne le sont pas.

On dirait que les gens amers ont visionné les mêmes deux ou trois films pornos et qu’ils ont généralisé pour tout le reste.

Bien sûr, certains films sont trop durs, d’autres trop moumounes, d’autres ont trop de gros plans, trop de ralentis ou trop de poils, mais s’il y a quelque chose qu’ils ont tous en commun, c’est qu’ils tentent de répondre à une demande, selon le très faible budget à leur disposition. Et petit budget signifie qualité bof.

Dans l’article, on présente des statistiques plus ou moins convaincantes telles que « 82% des Françaises ont vu une production X dans leur vie », mais combien de ces femmes ont payé pour consommer ces productions? Ce serait intéressant de le savoir.

Au-delà de donner leur seau d’approbation au contenu de cette nouvelle industrie porno socio-responsable, est-ce que ces revendicateurs seront prêts à payer pour en consommer? Espérons-le.

La partie de l’article où j’étais le plus en accord, c’est celle où on mentionne que « la pornographie est le reflet des inégalités de la société dans laquelle on vit ». C’est vrai. L’inégalité étant que les femmes sont (en général) beaucoup moins désespérées que les hommes lorsqu’il s’agit de consommer du faux sexe. Apparemment, les hommes sont prêts à dépenser plus d’argent que les femmes lorsqu’il s’agit de danseuses, de lignes érotiques ou de porno.

Ça se reflète donc sur le marché et dans ses offres. Car contrairement à ce que l’on pense, la pornographie n’est pas le reflet de la société, mais bien le reflet des gens qui en achètent.