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Fâché noir contre les hipsters

Puisque c’est un phénomène de mode, je crois qu’il y a urgence de se fâcher contre eux avant qu’ils ne disparaissent.

Cette semaine, j’avais l’intention de me fâcher noir contre le thé des bois, mais j’ai vu dans ma liste de sujets en attente que j’avais un truc plus pressant : Les hipsters. Puisque c’est un phénomène de mode, je crois qu’il y a urgence de se fâcher contre eux avant qu’ils ne disparaissent.

«Mais peut-être suis-je un hipster sans le savoir?» réalisez-vous soudain, transis de terreur. Pour savoir si j’ai des raisons de me fâcher contre vous, faites ce simple test:

JE SUIS UN HIPSTER SI…
Je suis ironique et baveux et je n’aime que les groupes musicaux obscurs ou inconnus. (Je les renie d’ailleurs et ne parle plus d’eux qu’avec dédain dès qu’ils ont un succès à la radio.) Je carbure à la nouveauté. Je rejette la consommation de masse et je passe beaucoup de temps à en parler sur mon blogue, assis chez Starbucks avec mon MacBook à boire des cafés à douze dollars entre deux séances de shopping chez American Apparel. J’exprime mon originalité et ma créativité en aimant toutes les mêmes choses que mes amis hipsters. Je travaille dans la publicité ou les médias mais je me fais un devoir de convaincre les gens que mon jugement n’est aucunement influencé par la publicité ou les médias. Ce paradoxe me confère une touchante naïveté.

RÉPONSE AU TEST: Si vous avez lu ce test avec dédain en vous disant que les tests, c’est tellement 2009, vous êtes un hipster.

Pas de quoi se fâcher jusqu’à maintenant, non? Cherchons encore. L’homme hipster est tellement convaincu de sa beauté qu’il ne se gêne pas pour s’enlaidir en portant des grosses lunettes de mononcle, des moustaches «ironiques» ou des barbes mal entretenues «ironiques». La femme porte ses lunettes encore plus grosses, cherche à s’enlaidir aussi mais y parvient généralement moins bien. (Il lui reste un fond d’orgueil, j’imagine.) Les deux travaillent dans un boulot qui a l’air cool vu de loin et qui leur donne l’impression d’être des artistes libres et fous. Vu de près, ce n’est qu’un travail mal payé dans le domaine des communications, aux heures supplémentaires nombreuses. Il n’y a toujours pas là de quoi se fâcher contre eux. Il faut bien que quelqu’un fasse le sale boulot.

La seule raison que je pourrais invoquer pour haïr les hipsters, c’est qu’ils sont jeunes. Le poids du monde ne leur est pas encore tombé sur les épaules. On les envie d’aller voir un spectacle rock un soir de semaine, de passer une nuit blanche et d’être capables de fonctionner normalement au travail le lendemain. On les envie de ne jamais prendre de poids alors qu’on ne les croise jamais dans les gyms. (S’ils y vont, c’est sans doute pour faire de l’elliptique ironique.)

Non, désolé, je n’arrive pas à me fâcher. Je suis seulement un peu jaloux. Et, puisque vous avez compris depuis longtemps que cette chronique ne fait que prêcher l’amour et la tolérance, je vous encourage à faire comme moi : cessez de mépriser les hipsters, montrez l’exemple et, cette semaine, serrez-en un dans vos bras. Ils n’ont pas l’air propres propres, mais ils ne sentent pas trop mauvais.