Les enfants transgenres et l’appui crucial des parents

Avez-vous entendu parler de Leelah Alcorn ? Née Joshua, cette Américaine transgenre s’est suicidée le 28 décembre. Elle avait 17 ans. Sur son blogue, elle a publié un billet (effacé depuis) où elle expliquait les raisons de son geste : « Je suis une fille enfermée dans un corps de garçon et je le sais depuis que j’ai 4 ans », a-t-elle dit.

Ses parents, des chrétiens très croyants et pratiquants selon les dires des médias qui ont parlé de l’affaire, n’appuyaient pas leur fille. Leelah a réalisé à 14 ans qu’elle était « différente au niveau du genre » et elle a écrit qu’elle en avait « pleuré de joie » puisqu’elle réalisait enfin « qui elle était ». Ses amis l’ont appuyée, a-t-elle écrit dans sa dernière missive. Ses parents, non. Ils lui auraient fait suivre une thérapie « pour la convertir » et ont refusé que leur enfant entame les démarches vers « une transition définitive pour devenir femme » avant ses 18 ans.

Déprimée, seule et isolée, la jeune femme est passée à l’acte quelques jours avant le début de la nouvelle année.

Cette histoire, d’une tristesse infinie, vient à nouveau mettre en lumière le contexte dans lequel grandissent les enfants transgenres. Combien de Leelah souffrent en silence aux États-Unis, chez nous, autour de nous ?

Selon une étude récente, le support parental est crucial pour que l’enfant transgenre puisse bien vivre son identité. (Entre vous et moi, tous les enfants cherchent le support, l’attention voire l’admiration de leurs parents : pourquoi cela serait-ce différent chez les enfants transgenres ?) Ainsi, cette recherche réalisée par la Société de l’aide à l’enfance de Toronto démontre que chez les enfants transgenres appuyés par leurs parents, 4% ont fait une tentative de suicide (échantillon de 433 personnes, 16 à 24 ans, en Ontario); ce chiffre bondit à 57% chez ceux qui ne sont pas appuyés par leurs parents. Les symptômes de dépression sont présents dans une proportion de 43% chez le premier groupe; elle grimpe à 75% pour le deuxième groupe.

Comment un parent aimant en vient à ne pas appuyer son enfant ? Cette question m’obsède depuis que j’ai lu l’histoire de Leelah. Je n’arrive pas à saisir. Je n’arrive pas, entre autres, à expliquer l’attitude de la mère de la défunte qui continue à déclarer sur toutes les tribunes qu’elle aimait beaucoup « son fils » et qu’il avait été « frappé par un camion alors qu’il était sorti se balader ».

Allo le déni.

Pourtant, il existe des modèles parentaux différents : prenez Angelina Jolie et Brad Pitt (rien de moins !).

Le couple de stars laisse Shiloh s’afficher garçon. Il semble que leur enfant de 8 ans veuille se faire appeler « John » depuis qu’il a 4 ans. La célèbre actrice a elle-même révélé ce détail en 2010 lors d’une entrevue au Vanity Fair. « Elle aime s’habiller en garçon, elle veut être un garçon, a raconté Angelina dans cet échange. On a dû lui faire couper les cheveux courts. »

On le sent, cela a été dit simplement. Sans drame. Sans éclat. C’est juste… ainsi. C’est tout.

Et à voir les photos de John Jolie-Pitt, qui pullulent sur le web, les parents semblent avoir compris qu’il valait mieux un enfant épanoui dans une famille sereine qu’une autre Leelah, cachée, désavouée, malheureuse et… disparue.

À lire pour aller plus loin :


La petite annonce dans un journal de parents australiens qui souhaitaient corriger le message de naissance de leur fille… devenue garçon

Le communiqué
d’une association américaine qui considère comme un abus le non-appui à un enfant transgenre

Mon article sur ces garçons qui aiment le rose publié en mai 2013

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