L'homme remplacant la femme dans les publicités: une vidéo amusante et instructive

Les femmes sont, depuis toujours, utilisées pour vendre toutes sortes de choses avec leurs corps. C'est tout simplement un fait. Qu'on veule vous vendre une voiture, un parfum, des souliers, un voyage, un album ou un hamburger, il y a probablement une fille à moitié à poil dans une pose suggestive à côté. C'est une tactique publicitaire si répandue qu'on n’y porte même plus vraiment attention.

En tant que femme, c'est un étrange rapport que celui que nous entretenons avec notre corps, coincées que nous sommes entre le pouvoir qu'il détient et les limites qu'il nous impose. Chaque jour, d'une façon ou d'une autre, on nous rappelle que notre corps ne nous appartient pas complètement, soit parce qu'on nous dit à quoi il devrait ressembler, ce qu'on devrait faire avec, qu'on devrait le couvrir afin qu'il ne déconcentre pas les hommes ou le découvrir pour qu'ils puissent en profiter. Notre corps définit presque tout ce que nous sommes, car avant d'être une personne nous sommes femme, et des femmes on attend plusieurs choses très précises, souvent étourdissantes de contradictions.

Notre corps est un outil, un poids, un obstacle et un tremplin; il est régulé, exploité, scruté à la loupe. Il appartient à tout le monde. Triste, mais vrai.

Mais qu'en est-il de celui des hommes?


C'est ce qu'ont voulu explorer trois étudiants de l'université de Saskatchewan, Sarah Zelinksi, Kayla Hatzel et Dylan Lambi-Raine avec une vidéo amusante qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, accumulant plus d'un million de vues. Après quelques statistiques sur le ravages de la publicité sur la perception qu'ont les femmes de leur corps et les rapports humains, ils ont mis en scène des hommes dans des poses typiques adoptées par les mannequins dans les publicités afin de prouver à quel point elles sont réductrices et grotesques. En échangeant les rôles, mettant également des femmes à la place des hommes dans d'autres pubs où ils sont dépeints comme agressifs et dominants, ils nous forcent à constater les rôles clichés que nous imposent les publicités.


Selon eux, l'exercice prouve que, d'une part, le corps de la femme est perçu comme exclusivement utile à faire plaisir aux hommes alors que l'homme se voit enfermé dans le rôle de gros viril dominant. Évidemment, puisque de très nombreuses personnes ne correspondent pas à ces rôles typiques, elles se voient automatiquement marginalisées.

Le rapport homme-femme, grossièrement dépeint comme dominant-soumise dans les publicités, contribue selon eux à l'incidence de violence sexuelle et domestique, puisque les femmes sont perçues comme des objets de plaisir que les hommes se sentent forcés de dominer. De plus, les corps parfaits et retouchés des hommes comme des femmes qu'on nous présente sont la cause de nombreuses dépressions et troubles alimentaires chez ceux qui essaient en vain de correspondre à ces idéaux inatteignables. Comme je l'ai répété souvent, une industrie entière survit grâce à nos complexes. Aucune compagnie ne nous veut bien dans notre peau, car ce sont nos insécurités qui sont lucratives.

Ils nous rappellent également que plus de 50% des femmes canadiennes âgées de 16 ans et plus ont vécu au moins un incident de violence physique ou sexuelle au cours de leur vie. Toutes les 17 minutes, nous apprennent-ils, une femme est violée au Canada.

Il faudrait se réveiller, vous ne pensez pas?